Cette ouverture est spéciale pour moi, à cause du parcours du combattant qui s'y rattache.

J'avais été mandaté par les producteurs de cette série télé sur les légendes urbaines, pour concevoir et réaliser le générique d'ouverture. Il y avait un budget confortable et on m'avait confié les clés de ce budget. C'était ce qu'on appelle une livraison clé en main. J'avais en tête une idée pour laquelle j'ai réuni quelques personnes afin qu'ils m'aident à les mettre en images. Mais je me rends compte sur le plateau que mes idées ne sont pas réalisables. Je suis effondré... le résultat sera une catastrophe... impossible à monter.

Dès lors, je suis devant un fiasco: tout l'argent est bouffé et je n'ai rien à livrer aux producteurs qui attendent une version de quelque chose, peu importe comment je me débrouille... sans un centavo de plus, bien entendu.

J'ai une semaine pour livrer un générique d'ouverture d'une durée considérable. J'ai pris un appareil photo numérique bas de gamme que je possédais. J'ai ensuite pris des photos de mon condo, de tout ce que je trouvais de potentiellement weird. J'ai photographié des immeubles. Mon idée était de monter ces photos et de juxtaposer de petites lettres animées qui bougeraient comme des insectes. Je trouvais que ça collait au thème musical (créé par Dazmo). Je savais que ça se faisait avec After Effects. J'avais une version de l'application d'effets spéciaux et d'animation graphique populaire, mais le hic, c'est que je ne l'avais jamais ouverte. J'entrais dans l'inconnu.

J'ai fini par trouver mon chemin dans les leviers d'opération de l'appli et j'ai réussi à animer des petites lettres... une à une, à la mitaine, en faisant cadrer les mouvements avec les effets musicaux du thème. 

Je suis parvenu à livrer l'ouverture, qui fut acceptée avec soulagement.